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Alton Dondeynerouvre son carnet 20 ans plus tard, en 1938. Devenu vice-président de l'Union nationale des Combattants ", il y rédige le discours qu'il tient lors du banquet du 11 novembre. 

Parce qu'il sent qu'une nouvelle fois, l'Europe est prête à se déchirer, il livre un texte empreint de pacifisme et de clairvoyance.

Hélas, personne n'écoute déjà plus les vieux Poilus...

Nous retournons a ce fortin terrible, il y a tellement de la boue que ça nous rentre par la ceinture du pantalon, il faut deux heures pour faire un kilomètres. Le lendemain de notre arrivée au tranchées, un 210 tombe a l’entrée de notre « Gagna ». Un homme est décapité, un autre est tué par la chute d’une poutre un troizième qui était a l’entrée et a reçu l’obus sur lui est pulvériser, on a retrouver qu’une paume de la main et quatre doigts, c’est tout ce restait d’un garçon de vingt et un an, et cinqs blessés.

A la relève, sur terrain ferme il y a une moyenne de 80 centimètre a un mètre de boue et toujours la pluie, on prend mille précautions pour ne pas être enseveli vivant dans cette mer de boue, cependant deux hommes de la Compagnie tombent dans un trou d’obus, ou une ancienne tranchée allemande et disparaissent dans la boue, et sont ensevelis avec armes et bagages, c’est leur tombeau a ces malheureux ! Triste mort !  !

En octobre 1915, le soldat est dans le secteur de l'Artois, "le plus mauvais secteur de France"​. Autour de lui, les hommes tombent les uns après les autres sous la mitraille et les marmites allemandes, ces bombes meurtrières. À cela s'ajoute la pluie qui tombe sans discontinuer sur les tranchées, les transformant en torrents de boue.

Des 64 hommes de sa section qui sont arrivés sur le secteur deux mois plus tôt, il fait partie des seuls douze survivants.

Incorporé le 4 août 1914, Alton Dondeyne connaît son premier combat trois semaines plus tard, dans la Meuse.

Le 1er septembre de cette même année, il subit sa première blessure quand une balle lui "coupe la lèvre inférieure" et lui "déchire la joue gauche". Évacué le lendemain vers l'hôpital de Bayonne avec d'autres blessés, il y est soigné et se souvient avoir eu des "larmes d'émotions" devant l'accueil "à bras ouverts" des habitants et leurs "acclamations frénétiques".

Vingt jours plus tard, il est renvoyé sur le front belge qui, en octobre 1914, est une boucherie inimaginable dont il se souvient ainsi, avec l'orthographe de ses origines modestes :

L’imagination est impuissante a concevoir, ce que furent les combats sur l’Yser ! Je ne sais vraiment pas par ou commencer pour expliquer cette tragédie infernale ! Car ce ne fut, qu’un combat sans fin, deux mois durant jour et nuit sans répit, sans relâches, attaques, contre-attaques l’une sur l’autre. Quel boucherie ! les Allemands attaquant par masse a perte de vue en profondeur, des soldats verdâtres, et encore et toujours, une nuées, un bélier qui assomme !

Pauvre insensé ! malheureux troupeaux s’avancants en brûtes ; ils sont couchés en masse là bas ! dans les Flandres, perdus, noyés, enlizés, fauchés !

Combien des yeux, sont fermés pour toujours ? Nos inimitables 75 par feux de rafales, faisaient dans leurs rangs des troués sanglantes ; … et parfois débordée par la vague mouvante alors chez nous, vaillamment et brâvant la Mort fantassins, chasseurs, zouaves, tirailleurs dans un mélange de toute les armes, et d’un élan sublime ! On les repoussaient quand même !! Nos pertes furent parfois élevés, mais chez eux vue leur masse, leurs pertes était kollosal ! Il me restera toujours de cette région des Flandres une vision d’horreur et de désolation… !!

Photo aérienne verticale de tranchées belges et allemandes sur les bords de L'yser , province des Flandres Occidentales, région Flamande (Belgique), .

SURVIVRE

Avant de tomber aux mains de l'ennemi le 1er août 1916 et d'être emprisonné jusqu'à l'Armistice, le jeune Alton Dondeyne a participé aux batailles les plus meurtrières de la Grande Guerre. À son retour, il décide de coucher ses souvenirs dans un carnet que lamarseillaise.fr vous propose de feuilleter en long format.

EN

INHUMANITÉ

" Vivement la fuite de ce champ

de boue et de cadavres " !

" Ce n’est plus le cerveau humain qui réfléchit C’est la bête, c’est la démence !

En avril 1916, Alton Dondeyne est à Verdun. À toutes les horreurs qu'il a déjà traversées s'ajoutent les parasites, les "totos", ces poux qui pullulent autant que les rats dans les tranchées. 

C'est ici, surtout, que les bombardements qu'il subit sont les plus importants. Il y vit une " guerre de bourreaux, et d’extermination !".

Pour Alton Dondeyne, Verdun ressemble à " l’enfer de Dante déchaînées. Il est impossible aux civils de pouvoir s’imaginer tant d’atrocitées ! "

Quel vacarme ! Cette nuit l’artillerie n’a pas cesser de tonner, on se croirait sur un volcan, des pièces de tout calibres crachent de partout. C’est qu’a notre gauche les attaques et contre attaques font fureur, même plusieurs fois de jour comme de nuit, nous avons ici une artillerie lourde dont on fait le plus grand éloge.

Une pièce de marine près de nous, tire sur la gare d’Etain a 22 kilomêtres. et on nous promet l’arrivée prochaine de quelques pièces unique au monde ! quelque 400 sortant du Creusot, qui feront la pige aux 420 Allemands. Nous partons aux tranchées ce soir a 9 h 45. J’apprends que les boches par suite d’une furieuse attaque on réussi a gravir de moitié les pentes du Mort-Homme, et qu’ils avaient pour cela employés trois corps d’Armée, et se sont fait abimer atrocement.

Pauvres Insensés ! Malheureux fanatiques ! Marcher a la mort, pour votre tyran !

Notre artillerie tire d’une facon épouvantable ! Crachez mitraille, sur ces boches damnés ! Le bombardement est tellement violent, que nous devons bouchez nos oreilles.

C’est a devenir fou !

Ce n’est plus le cerveau humain qui réfléchit C’est la bête, c’est la démence !

C'est à Verdun qu'il sera fait prisonnier et envoyé en Allemagne pour travailler aux champs puis à l'usine, dans des conditions misérables.

 

À l'annonce de l'Armistice, le 11 novembre 1918, lui et ses camarades refusent de reprendre le travail et partent pour la France.
Arrivé à Metz le 26 novembre, il termine son carnet de guerre par " Vive la France  ! "

" Et que voyons-nous vingt après ?

Vingt ans viennent de s'écouler ; depuis que le clairon de 'Armistice a retenti, mettant fin a l'atroce tuerie, a l'abominable chaos a la grande souffrance, a la grande misère de plusieurs millions d'hommes.

L'Allégresse sortent des cœurs, la joie éclate partout, la raison triomphe enfin sur la bestialité des hommes.

Il a suffi d'un coup de clairon.

tant attendu par tous ces hommes qui depuis 4 ans, vivaient dans l'horreur du carnage ; tous ces hommes, de la Marne, de l'Yser, de l'Artois, de Champagne de Verdun !

Et qui parfois avaient connu les dernières limites de la résistance humaine.

Il a suffi d'un coup de clairon.

Et alors ce fut comme un renouveau une nouvelle vie, a recommencer pour tous.

Il a suffi d'un coup de clairon.

Dans l'esprit de chacun, nous avions fait la dernière des guerres ?

Nos quinze-cents-mille morts, étendus sur toute la longueur du front, avaient donner leur vie pour que ce soit la dernière !

 

Et que voyons-nous vingt après ? Cette hideuse calamité, s'acharne en Espagne en Extrême Orient; elle est a notre porte et nous en avons senti passer le souffle il y a quelques semaines a peine. Et nous, les boueux des tranchées, Qu'avons nous fait pour garantir la Paix.? Il y bien de notre faute, a nous combattants Francais comme des combattants alliés ; comme de nos adversaires eux-mêmes, si nous sommes toujours dans cet état d'alerte ; si les combattants dès l'armistice avaient pris les leviers de commande, nous ne serions pas a nouveau a nous regarder en chien de fayence, a supprimer le beurre pour des canons, a s'armer a outrance, a refourbir les armes alors qu'on les avaient tous lacher ces armes, d'un même cœur et sans regret et même leur complet " Abrami" a 52 f [costume civil offert aux soldats démobilisé cf dessin de A Cahard] Nous ne serions pas des quémandeurs, si nous avions étaient les teneurs ! C'est nous qui avons sauvé le pays, et non les Politiciens de l'arrière, et de toute acabit, qui trouvent encore le moyen vingts après, de nous laisser dans l'pétrin Et l'on ne verrait pas comme dans certaine commune que vous connaissez bien, les combattants subir les manœuvres de la Dictature rouge, pour les faire défiler derrière les Drapeaux révolutionnaires ! l'erreur date de vingts ans ; si les combattants unis dans la souffrance, étaient restés dans la Paix unis comme au Front, il me semble que nous aurions eu, une tranquillité plus grande.

Parce que, les vrais de vrais, en avaient Marre parce qu'ils s'étaient rendus compte de la fatalité de la guerre : et on s'en apercoit encore une fois aujourd'hui. Mais, devant notre indifférence, des politiciens d'un côté, une idéologie néfaste de l'autre ; et voilà vingts ans après, L'Europe encore en bascules sur ces bases

 

Maintenant, nous les vieux, les survivants, attention ! ; nos rangs deviennent clairsemés ; des centaines de milliers de combattants sont morts depuis la guerre ; et chaque jour enlève quelques-uns de nos camarades Nous devons encore avoir une ambition pourtant celle de garantir les Jeunes qui nous suivent; et avoir a cœur de leur laisser une France propre, honnête et laborieuse.

Pour cela, serrons les rangs dans nos groupements respectifs, et en particulier le plus nombreux possible autour du Drapeau de L'U.N.C. qui a toujours pour devise

            Unis comme au Front ! 
Formons le dernier carré !

[ allusion à la bataille de Waterloo]

et coude a coude, pour faire entendre notre voix, et celle de nos Morts !

         Arrière la Guerre ! 
                      
                  Arrière la Guerre !
ce fléau de L'humanité !

Pour qui les yeux des Mères


Ne devraient plus jamais pleurer...

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